Stratégie purement économique, ou absence totale de moyens de lutte : le Brésil laisse passer l'épidémie sans mesure de protection pour sa population depuis le début de la crise sanitaire.
Un résultat positif à cette situation : depuis quelques semaines, une grande ville du pays, Manaus, semble avoir atteint la fameuse immunité collective, vu la chute brutale du nombre de décès. En clair, la propagation du virus serait désormais faible en raison du taux de personnes déjà contaminées, et l'épidémie serait désormais contrôlable.
Une étude indique que 66% des habitants de la ville posséderaient les anticorps contre le nouveau coronavirus, permettant de lever très vite toute mesure de confinement. Mais cette situation a un prix : des hôpitaux bondés et des morts enterrés à la hâte dans des fosses communes pendant des mois... Manaus a enregistré plus de 2.400 décès pour ses 2 millions d'habitants, soit environ 100 décès pour 100.000 habitants ; un taux de mortalité record au niveau mondial, pour cette pandémie de Covid-19.
Des médecins alertent sur la recherche d'immunité collective, comme une voie dangereuse de salut puisqu'elle repose sur le sacrifice de nombreuses personnes. Le Brésil déplore à ce jour 138.000 morts. Par ailleurs, la stratégie ne fonctionne pas toujours, comme en Suède, qui enregistre un nombre important de décès malgré sa faible population... le pays n'a jamais confiné pour tenter d'atteindre l'immunité mais à l'heure actuelle le gouvernement encourage désormais le télétravail jusqu'en 2021.
Un autre mauvais point pour la stratégie de l'immunité collective, le risque qu'elle ne dure pas longtemps puisque des cas de ré-infection ont déjà été observés dans plusieurs pays.
Pascal Lemontel
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