Chaque année, la revue médicale indépendante Prescrire publie sa liste de traitements « à éviter », jugés plus risqués qu’utiles. Plus d’une centaine de médicaments y figurent déjà, dont le Smecta, critiqué pour inefficacité et présence de plomb. En 2025, quatre nouveaux produits sont ajoutés, allant de la gynécologie à la pneumologie.
Prescrire reproche à ces traitements des effets indésirables disproportionnés face à une efficacité incertaine ou trop faible. L’un d’eux, l’andexanet alpha (Alexion), n’est pas disponible en France.
Les trois autres concernent des pathologies chroniques et ne sont pas remboursés :
Fézolinétant (Veoza, Astellas) : destiné aux bouffées de chaleur de la ménopause, sans hormones, mais soupçonné de provoquer de graves hépatites. Certains gynécologues, comme Anne Gompel, estiment qu’il peut rester une option en dernier recours pour des patientes intolérantes aux traitements hormonaux.
Géfapixant (Lyfnua, Merck/MSD) : ciblant la toux chronique réfractaire, il entraîne souvent des troubles du goût et pourrait favoriser des pneumonies. Le pneumologue Laurent Guilleminault juge néanmoins qu’il reste utile face à une affection très invalidante sans autre solution thérapeutique.
Chondroïtine (Chondrosulf, Ibsa) : proposée contre l’arthrose, son efficacité n’est pas démontrée et elle peut provoquer de rares réactions allergiques. Le rhumatologue Francis Berenbaum rappelle que l’activité physique doit rester la première réponse à l’arthrose, tout en soulignant que tout risque est excessif en l’absence de bénéfice avéré.
Ces ajouts illustrent la ligne stricte de Prescrire : privilégier la prudence face à des médicaments dont l’efficacité reste douteuse, malgré les besoins réels des patients.
Philippe Mercier
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