C'est le signal d'alerte lancé par la Ligue contre le cancer, le manque de médicaments vitaux, notamment des génériques, peu chers, beaucoup employés en cancérologie. Parmi les médicaments concernés le BCG intravésical, utilisé pour traiter le cancer de la vessie de manière non invasive. A défaut, les patients doivent subir une ablation de la vessie, avec les conséquences que cela entraine sur le quotidien des malades.
En cause, le marché du médicament
Deux principales raisons à la pénurie. D’une part, les molécules dont les brevets sont tombés dans le domaine public. A ce moment là, ils font l’objet d’une forte concurrence et n’attirent plus les laboratoires qui les fabriquaient à l’origine, faute de rentabilité suffisante. D’autre part, les substances actives, coeur des médicaments, sont produites à l’étranger, notamment en Chine ou en Inde. Ce phénomène représente 60% des cas et amène à de fortes incohérences dans les chaînes d’approvisionnement et de distribution. Cette production délocalisée nous rend également tributaire de ces pays et de leur situation. Ainsi, le Covid-19 a stoppé les possibilités d’exportation de nombreuses molécules. Cette crise a été un révélateur de la situation mais n’est toutefois pas à l’origine profonde des pénuries.
Un manque d'obligations envers les fabricants
Malgré une législation imposant aux fabricants d’assurer l’approvisionnement approprié pour les besoins des patients de France, le marché du médicament tend à aller contre cette logique. La Ligue contre le cancer souhaite voir les laboratoires sanctionnés lorsqu’ils ne respectent pas leur obligation. Elle se fait également le relai des associations de patients, qui demandent des stocks de 4 mois de médicaments indispensables, pour éviter les ruptures prolongées, un système d’information sur la disponibilité des médicaments et les molécules de remplacements possibles et enfin la création en France d’un établissement public fabricant à prix coûtant.
Presque 1500 signalements de pénuries en 2019
En 2019, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, l’ANSM, rapportait plus de 1.400 cas de difficulté ou de rupture d’approvisionnement, un chiffre multiplié par 34 en 10 ans…
Frank Verain
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