Beaucoup de patients ont des troubles de mastication et de déglutition, c’est même une constante chez les très âgés.
La solution rapide est d’écraser les comprimés dans la nourriture au lieu de demander au médecin une autre forme d’administration. Trop peu de médecins, d’aidants ou de personnel soignant prennent garde à cette aspect qui entraîne pourtant de fortes répugnances à manger chez des patients déjà peu avides de nourriture. Pour mettre « les pieds dans le plat » le CHU de Nice et Solidages ont étudié en EHPAD l’impact de l’écrasement des comprimés dans la nourriture avec des goûteurs volontaires recrutés chez les professionnels du goût et de la santé, les usagers et associatifs. Sur 10 médicaments testés, 6 sont trop amers, dont 3 très mauvais ; certains mélanges médicamenteux sont jugés carrément « insupportables ». Les aliments à texture molle, mixée ou lactée, et les plats monotones se révèlent très peu appétissants ! Or il faut croquer et mastiquer pour nettoyer la bouche, pour produire de la salive et des enzymes digestives, nécessaires à une digestion sans douleur. Outre le mauvais goût et l’aggravation de la dénutrition par refus de manger, le devenir dans l’organisme de ces médicaments écrasés est aussi soumis à des aléas thérapeutiques préjudiciables.
Ainsi cette étude met plus qu’un doigt de pied, tout le pied, dans le plat des multiples conséquences d’un acte apparemment anodin et très répandu !
S.Duméry
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